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Sur le bon chemin

Des centaines de kilomètres de routes réparées. Des ponts, des écoles, des hôpitaux et des systèmes hydrologiques reconstruits. Une reprise graduelle dans la production agricole et manufacturière. Une inflation maîtrisée. Des réformes en cours dans les domaines clés de l'Etat. Une démocratie revitalisée dans laquelle la société civile joue un rôle de plus en plus actif. Somme toute, c'est une sacrée performance pour un pays pauvre qui a été mis à genoux par l'ouragan Mitch à la fin de 1998. 
 
Ce sont quelques-unes des réalisations énumérées en février par le gouvernement hondurien et son peuple à une réunion des délégués des pays donateurs et des institutions multilatérales présidée par la Banque interaméricaine de développement. Cette rencontre, connue sous le nom du Groupe consultatif pour la reconstruction et la transformation du Honduras, s'est faite à Tegucigalpa afin d'évaluer comment les Honduriens se redressaient de la pire catastrophe de leur histoire.

Le bilan de la communauté internationale a été très positif, compte tenu de la destruction provoquée par les inondations et les coulées de boue massives déclenchées par Mitch et les conditions météorologiques défavorables dont a souffert l'Amérique centrale en 1999.

" Le Honduras a des raisons légitimes d'être fier des débuts prometteurs de son plan de reconstruction et de transformation national ", a souligné le président de l'assemblée, Miguel E. Martínez, le manager de la BID pour les opérations régionales pour un groupe de pays qui incluent l'Amérique centrale. "Nous avons noté également que la solidarité de la communauté internationale a permis des réalisations concrètes.

Près de 6 000 Honduriens sont morts et 8 000 sont portés disparus en raison de l'ouragan qui a causé des pertes économiques et des dégâts infrastructurels se montant à plus de 3,6 milliards de dollars. En moins d'une semaine, des centaines de milliers d'Honduriens ont perdu leur maison, leurs terres ou leurs moyens de subsistance, lorsque les inondations ont détruit les récoltes et balayé la couche arable.

En mai 1999, à l'occasion d'une réunion tenue à Stockholm, la communauté internationale s'est engagée à fournir quelque 2,8 milliards de dollars en aide humanitaire, financement à long terme en vue de la reconstruction, et allégement de la dette afin de soutenir l'action des Honduriens qui reconstruisent et modernisent leur nation. Le Honduras, quant à lui, s'est engagé à respecter les principes de la déclaration de Stockholm liant les donateurs et les bénéficiaires afin d'oeuvrer ensemble au combat de la pauvreté et à la promotion de la croissance au sein d'un cadre imprégné de démocratie et de respect des droits humains, de transparence et de bonne gouvernabilité, de décentralisation et de réduction des vulnérabilités sociales et environnementales.

Etat d'avancement. A Tegucigalpa, le gouvernement hondurien a présenté des rapports détaillés sur les plans de reconstruction et transformation nationales. Ces présentations comportaient des informations abondantes sur les mesures prises pour garantir le financement des projets et les progrès réalisés jusqu'à maintenant pour leur exécution dans des domaines tels que l'éducation, la santé, le logement, l'agriculture, la sylviculture, l'industrie manufacturière, les mines, le tourisme, les services financiers, les routes, les ports, les aéroports, l'eau et l'assainissement, l'énergie et les télécommunications.

Les responsables honduriens ont également informé les délégations de l'action entreprise pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité environnementale, ainsi que pour moderniser les institutions publiques. Ils ont souligné la nécessité impérieuse de négocier davantage l'allégement de la dette extérieure se montant à 3,9 milliards de dollars, que le président Carlos Roberto Flores a appelé "un des plus grands freins au sauvetage de notre peuple sur le plan social".

Les délégués ont également reçu un rapport d'un groupe de suivi formé par les nations donatrices et les agences multilatérales afin de procéder au suivi de la mise en application du plan hondurien. Le rapport a loué le fait que les dépenses sociales ont été ciblées pour bénéficier aux secteurs les plus vulnérables, particulièrement dans les zones rurales ; néanmoins, il a prié instamment le gouvernement d'adopter des mesures spécifiques pour protéger les femmes et les enfants dans le besoin ainsi que les groupes indigènes. Dans le cas de la vulnérabilité de l'environnement, il a approuvé le projet de législation pour l'utilisation des terres et la gestion sylvicole, ainsi que les progrès de préparation pour les secours, mais a indiqué que les stratégies nécessaires pour empêcher les gens de s'installer dans des zones à risques élevés font toujours défaut au Honduras.

Un autre aspect important de la réunion de février fut la participation enthousiaste de la société civile du Honduras. Si les représentants du secteur privé, les paysans syndiqués, les groupes indigènes et afro-latins qui ont pris part aux discussions, ont souvent été en désaccord avec le gouvernement - et les uns avec les autres - leurs interventions ont été considérées par beaucoup comme l'indication d'une démocratie vivifiée et renforcée. En fait, les autorités honduriennes ont reconnu que les groupes de la société civile ont demandé des réformes radicales dans les branches législative, judiciaire et exécutive du gouvernement, aussi bien que l'utilisation de plébiscites et referendums.

Cependant, jusqu'à présent, le décaissement limité de l'aide jusqu'à présent, comparé aux engagements financiers importants pris à Stockholm, a indiqué la présence de goulots d'étranglement. M. Martínez de la BID a demandé instamment aux donateurs de travailler en collaboration avec le Honduras afin de renforcer sa capacité de gestion des projets pour accélérer leur mise en application.

La transparence est nécessaire. La Banque oeuvre avec le gouvernement à promouvoir la transparence et la bonne gouvernabilité. Une préoccupation centrale pour les Honduriens et pour les donateurs, car cette question peut peser lourd dans les perspectives de ce pays d'Amérique centrale qui cherche à attirer davantage de capitaux pour moderniser son économie. L'année dernière, le Honduras s'est classé en bas de l'échelle dans l'enquête annuelle posant des questions sur la perception de la corruption. Cette étude a été conduite par Transparence internationale, une ONG basée à Berlin.

La BID et plusieurs nations donatrices veulent appuyer l'action entreprise par le Honduras pour rendre son système de passation de marchés et de contrats plus efficace et transparent. Comme il a été initialement projeté, ce programme comportera deux phases : une phase temporaire pour le suivi des projets pendant la période de reconstruction de l'après-Mitch, et une phase permanente pour promouvoir la modernisation du système de contrôle et d'équilibre des pouvoirs en jeu.

Pendant la phase temporaire, une firme internationale de conseil sera embauchée pour effectuer au hasard des audits sur les projets de reconstruction et vérifier leurs performances techniques, financières et administratives. Ces inspections seront exécutées parallèlement aux contrôles en place dont disposent les donateurs individuels pour les projets qu'ils financent. Les résultats des audits seront mis à la disposition du gouvernement hondurien, des donateurs et du public. Vu qu'environ 2 milliards de dollars pourront être dépensés pour les efforts de reconstruction, un exercice d'audit de ce type pourra coûter jusqu'à 30 millions de dollars, a expliqué aux délégués le chef du Bureau de coordination et de politiques de passation des marchés au sein de la BID, Jorge Claro de la Maza.

L'autre phase, pour laquelle la BID pourrait finalement apporter environ 14 millions de dollars en prêts à conditions libérales, vise à permettre au Honduras d'acquérir autant de savoir-faire et de technologies possible de la part des auditeurs internationaux. Pour cette partie du programme, les responsables locaux chargés de la passation des marchés et des contrats recevront une formation, et de nouvelles procédures d'achat seront créées et mises en vigueur dans tout le secteur public.

Le coût potentiel de ce projet ayant surpris certains délégués, Claro de la Maza a expliqué que cette estimation était basée sur une étude des honoraires d'une firme d'audit. Il a également reconnu que des contrôles de ce type sont prohibitifs ;l'alternative étant de ne pas procéder à ces derniers.

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