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Haïti a besoin de plus d’1,3 milliard de dollars pour son relèvement, selon un nouveau rapport

Washington, le 13 juillet 2004 – Dans un rapport publié aujourd’hui et évaluant les besoins économiques, sociaux et politiques d’Haïti pour les deux années à venir, le gouvernement intérimaire d’Haïti, la Commission européenne, la Banque interaméricaine de développement, les Nations Unies et la Banque mondiale estiment que le total des fonds requis dépassera 1,3 milliard de dollars. Etant donné que le financement actuel s’élève à quelque 440 millions de dollars, il faudra mobiliser 924 millions de dollars pour couvrir les besoins de financement, selon le rapport d’évaluation.

L’évaluation des besoins, intitulée Cadre de coopération intérimaire (CCI), décrit le programme du gouvernement intérimaire pour les deux années à venir. Elle servira de point de départ pour les discussions et annonces de contributions lors de la prochaine Conférence internationale des bailleurs consacrée à Haïti qui se tiendra à la Banque mondiale à Washington les 19 et 20 juillet 2004.

Qu’il s’agisse de rétablir l’électricité ou de nourrir et scolariser les enfants désavantagés, le Cadre de coopération intérimaire détaille les priorités dans vingt secteurs et quatre thèmes intersectoriels. Sous la direction du gouvernement intérimaire, plus de 200 experts nationaux et internationaux attachés à 26 donateurs bilatéraux et multilatéraux, à des organismes de l’ONU ou à des associations issues de la société civile ou du secteur privé se sont attachés à la rédaction du Cadre de coopération intérimaire, en coordination avec la Commission européenne, la Banque interaméricaine de développement, les Nations Unies et la Banque mondiale. Les conclusions et recommandations du CCI ont été discutées au cours d’une série de séminaires organisés par le gouvernement intérimaire d’Haïti avec la participation des partis politiques, d’organisations issues de la société civile et des autorités locales, tant au niveau national que régional. Ces séminaires se sont tenus à Port-au-Prince, aux Cayes, aux Gonaïves et au Cap Haïtien. Afin de préparer la conférence internationale des donateurs qui se tiendra la semaine prochaine, de hauts fonctionnaires gouvernementaux et des donateurs se sont retrouvés le 15 juin pour étudier les résultats préliminaires de l’évaluation.

Les priorités du gouvernement  intérimaire, telles qu’elles sont décrites dans le Cadre de coopération intérimaire, tournent autour de quatre domaines stratégiques :

  • Assurer une meilleure gouvernance politique et promouvoir le dialogue national
  • Renforcer la gouvernance économique et contribuer au développement institutionnel
  • Favoriser la relance économique
  • Améliorer l’accès aux services de base

Le CCI a identifié une série de programmes dont l’impact rapide permettra de couvrir les besoins prioritaires du pays au cours des deux prochains mois. Ils comprennent la création de 44 000 emplois, la collecte et l’évacuation de 50 pour cent des ordures dans les zones urbaines et l’amélioration de 500 logements dans les bidonvilles à Port-au-Prince. Il s’agira aussi d’alimenter Port-au-Prince en électricité douze heures par jour au lieu de six. Ces programmes ont pour but de stabiliser le pays et d’améliorer la qualité de la vie après les mois de violence qui, au début de l’année, ont forcé les entreprises à fermer, empêché les enfants d’aller à l’école, interrompu l’alimentation en eau et en électricité et laissé des piles d’ordures dans les rues.

Rien que dans le secteur social, le CCI propose des programmes destinés, au cours des deux prochaines années, à améliorer l’alimentation de plus de 440 000 enfants démunis, à vacciner 80 pour cent des enfants de moins de douze mois contre la diphtérie -tétanos-coqueluche (DTC3) et à rénover 1 500 écoles.

L’année prochaine, en même temps qu’il mettra en œuvre les programmes du Cadre de coopération intérimaire en collaboration avec la communauté internationale et les organisations non gouvernementales, le gouvernement intérimaire a l’intention de reprendre la préparation d’un Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) par le biais d’un processus participatif impliquant tous les secteurs de la société haïtienne. Le projet de DSRP sera soumis au nouveau gouvernement issu des élections de 2005.

Besoins financiers :

Avec un revenu par habitant estimé à 361 dollars en 2003, Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère ouest. La moitié de la population urbaine n’a pas accès à l’eau potable, l’incidence de VIH/sida se situe aux environs de 5 pour cent, et la durée moyenne de vie d’un Haïtien n’est que de 53 ans. Les effets des trois années d’embargo économique au début des années 1990, suivis de plusieurs années de turbulences politiques, de conflits et d’insécurité ont entravé le progrès économique et social durable et contribué à la montée de la violence.

Dans ce contexte, le Cadre de coopération intérimaire s’est attaché tout particulièrement à mettre en place les conditions favorables à des élections libres, transparentes et crédibles, à restaurer l’état de droit, à garantir des améliorations rapides et visibles des services de base pour la population haïtienne, à consolider les capacités humaines et institutionnelles à long terme et à renforcer la gouvernance économique pour garantir un développement durable, responsable et transparent. Il a également planché tout spécialement sur les questions de consolidation institutionnelle, de capacité d’absorption et de coordination entre donateurs et sur un contrôle serré de la mise en œuvre et des résultats du CCI, toutes questions qui ont sapé l’aide au développement par le passé.

Le Cadre de coopération intérimaire estime à 1,3 milliard de dollars US le total des besoins couvrant la période de deux ans allant de juillet 2004 à septembre 2006 pour les programmes destinés aux 20 secteurs prioritaires. Il ne sera pas nécessaire de recourir à de nouveaux financements pour tous les besoins cités, cependant. Environ 440 millions de dollars sont déjà disponibles en 2004, qu’ils viennent des donateurs ou des ressources propres du gouvernement, lequel signale ainsi sa volonté de mettre le programme en œuvre. Lors de la conférence des 19 et 20 juillet, les donateurs chercheront à mobiliser les 924 millions de dollars nécessaires pour combler le déficit de financement de ce programme de deux ans.


Ces secteurs sont  les suivants : sécurité, police et démobilisation, désarmement et réintégration - justice, institutions pénitentiaires et droits fondamentaux – processus électoral – gouvernance économique – consolidation des capacités institutionnelles – développement régional, urbain et local et décentralisation – électricité – création rapide d’emplois et microfinancement – développement du secteur privé, développement des petites et moyennes entreprises et des petites et moyennes industries – agriculture – routes et transport – protection et réhabilitation de l’environnement – eau et assainissement – santé et nutrition – éducation, jeunesse et sports – culture, médias et communications – sécurité alimentaire – amélioration des taudis, gestion des déchets solides – filets de sécurité et protection sociale. Les questions intersectorielles comprennent la prévention des crises, les droits de l’homme, les questions sexospécifiques et le VIH/sida.

 

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