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Venez voir vous-mêmes !

Un problème d'image

Il y a cinq ans, le conseil municipal de Buenos Aires était un « vilain mot », affirme Juan Alemany, chef actuel des marchés publics. Le conseil était devenu synonyme de corruption débridée. Car ­ c'était notoire ­ une bonne partie de son budget de fonctionnement de 120 millions de dollars se retrouvait entre les mains d'employés fictifs et d'entrepreneurs qui étaient des petits copains. En 1996, lorsque la ville est devenue complètement autonome et a commencé à élire son propre maire, le conseil a été aboli. Il a été remplacé par une nouvelle assemblée municipale parce que les citoyens réclamaient un grand nettoyage.

Sous la houlette du maire Fernando de la Rua (élu par la suite président de l'Argentine), l'assemblée s'est attachée à « rayer cette image négative de la mémoire collective de nos administrés », affirme Alemany. Elle a pris de nombreuses mesures, adoptant entre autres Control Activo, un logiciel qui recense tous les marchés publics.


À vous de nous dire comment !

« Nous voulions crédibiliser nos efforts dans ce domaine, dit Alemany. Alors, au lieu de tout faire à l'interne, nous nous sommes adressés au Forum sur la transparence. « Cette coalition argentine de groupes de lutte contre la corruption et de défense des droits des consommateurs donne des avis techniques au gouvernement sur la façon de publier sur l'Internet des informations concernant les marchés publics de manière qui soit utile à la fois pour les entreprises et les contribuables. L'un des groupes, appelé « Transparencia en la Administración de los Estados », a conçu le logiciel Control Activo, dont l'interface est montrée ici. Ce logiciel tire des informations de la base de données de l'assemblée sur les marchés publics et les met en ligne sur le réseau des réseaux, où elles peuvent être consultées sans restriction.

C'est gratuit !

L'interface web de Control Activo est distribuée sans frais aux organismes publics dans les pays d'expression espagnole. Fernando Tocchettón, avocat qui a aidé à la mise au point du logiciel, affirme que de nombreux organismes publics n'ont ni le temps ni les moyens financiers de concevoir leur propre interface de communication d'informations en partant de zéro. « Ce logiciel peut aisément être adapté de manière à fonctionner avec les principaux programmes de base de données qui sont dans le commerce, de sorte que les données sur les marchés publics sont automatiquement mises en ligne sur le Web », précise Tocchettón.

Qui est le plus transparent ?

L'assemblée législative de la ville de Buenos Aires n'est que l'une des institutions publiques en Argentine qui cherchent à soigner leur image en ce qui concerne les dépenses publiques. Selon Tocchettón, diverses administrations provinciales et municipales se préparent à installer le logiciel Control Activo sur leurs sites Web. Et l'administration fédérale des impôts et des douanes (connue sous son sigle espagnol AFIP) s'en servira bientôt pour son budget annuel d'environ 400 millions de dollars au titre des marchés publics.

Les cachotteries, c'est fini !

Lorsque l'assemblée législative a lancé Control Activo l'an dernier, les annonces de marchés publics étaient facultatives. Pour devancer les critiques selon lesquelles certains avis de marchés ne seraient pas mis en ligne, le président de l'assemblée a pris un décret en avril dernier pour rendre ces annonces obligatoires. La nouvelle assemblée, dégraissée, a pour les marchés publics un budget plus modeste que son prédécesseur (environ 8 millions de dollars par an sur un budget de fonctionnement total de 56 millions de dollars). Mais selon Alemany, le nombre de soumissionnaires a plus que doublé depuis l'installation du site de Control Activo. Citant un exemple des bienfaits qu'apporte l'accroissement de la visibilité et de la concurrence, Alemany mentionne le coût de l'accès à l'Internet pour l'assemblée législative. « Il y a deux ans et demi, il y avait trois soumissionnaires pour ce marché, et l'adjudicataire nous a pris 6 000 dollars par mois.

Nous venons de mettre fin à l'appel à la concurrence pour le même service. Il y a eu quinze soumissionnaires et nous versons désormais 4 000 dollars par mois avec une largeur de bande qui a quadruplé. »

Des détails, s.v.p.

En cliquant sur l'option « Meubles de bureau » dans la section « Achats précédents » du site, un contribuable peut constater que le 11 décembre 1999, l'assemblée a fait l'acquisition de 40 fauteuils de bureau à raison de 82,35 pesos chacun auprès de D. Groisman y Cia. S.G.A, une entreprise sise au 1448 rue Sarmiento dans l'agglomération de Buenos Aires. Dans le passé, il était presque impossible pour un citoyen moyen de trouver une telle information. « À l'époque, chaque marché était en quelque sorte un mystère », admet Alemany. Control Activo affiche également des avis de marchés à venir, une liste des 1 700 fournisseurs inscrits sur le site, des formulaires d'inscription en ligne pour les nouveaux, des guides de l'usager et les adresses électroniques d'Alemany et de deux autres responsables (sans numéro de téléphone toutefois). Des versions futures du logiciel permettront aux usagers de suivre le règlement des marchés par l'Administration, qui, selon Alemany, se fait dans les 20 jours ouvrables suivant la réception de la facture.
 

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