Font suite les remarques de Thomas " Mack " McLarty, envoyé spécial américain en Amérique latine, lors de la clôture d'une conférence sur la réforme judiciaire tenue au siège de la BID à Washington, D.C., en mars dernier.
Des institutions judiciaires efficaces et responsables sont absolument essentielles au soutien de la croissance économique et de la démocratie. Dans presque chaque pays d'Amérique latine et des Caraïbes que j'ai visité, les leaders ont exprimé leur souci de consolider leur système judiciaire. Il y a quatre ans, au Sommet des Amériques à Miami, nous avons soutenu la première " génération " de réformes visant à renforcer la démocratie et à ouvrir des marchés. Dans trois semaines, au Sommet présidentiel à Santiago (Chili), je pense que l'accent sera mis sur la deuxième génération de réformes, qui cherchera à approfondir la démocratie et à renforcer nos institutions démocratiques respectives. Dans ce contexte, nous devrions attacher et attacherons une importance particulière au renforcement et à la réforme de nos systèmes juridiques.
Ici, aux Etats-Unis, nous savons par expérience, qu'il est difficile d'engager des réformes juridiques. Elles requièrent une volonté politique, des ressources et une expertise considérables, mais la récompense en vaut la chandelle. Appartenant au secteur privé, propriétaire d'entreprise et travaillant à la Maison blanche depuis maintenant six ans en tant que fonctionnaire, je peux vous assurer que pour favoriser le développement économique, rien n'est plus important que d'avoir des tribunaux puissants qui veillent au respect de l'autorité de la loi. Le caractère sacré des contrats est une partie essentielle de tout accord commercial, et j'ai vu sur tout notre continent que les pays ayant le système judiciaire le plus solide attirent les investissements les plus importants à la fois internes et d'origine extérieure.
Je pense que tous nous reconnaissons que l'autorité de la loi peut être un concept quelque peu abstrait. Mais elle a également un côté humain et un impact réel sur ce que nous appelons parfois les sujets " au quotidien ", thèmes qui touchent la vie des gens de manières tout à fait tangibles et personnelle. Je pense aux pères et mères de l'ensemble de notre continent qui ont été assassinés par des criminels impliqués dans des affaires de drogue et dont les familles, dans certains cas, n'ont bénéficié d'aucune justice ou d'une justice minime, parce que les tribunaux sont influencés ou même infiltrés par des cartels liés à la drogue. Je pense aux entreprises locales qui ont subi des ruptures de contrat, parfois même par des entrepreneurs corrompus du secteur public. Et en plus, il n'y a pas d'appel possible ou si peu. Et puis il y a des fermes familiales qui ont été volées par des groupes de guérillas. En outre, sans des droits de propriété bien établis et des titres fonciers sans équivoque, les perspectives d'aide sont quasiment inexistantes.
Bien sûr, nous avons de nombreux problèmes liés à la justice qui doivent encore être pris en main ici comme aux Etats-Unis. Et comme il existe de nombreux pays dans notre continent qui poursuivent une réforme judiciaire, nous devons faciliter les choses pour que chaque pays tire des leçons des expériences des autres pays. A cette fin, Il y a seulement deux semaines, pendant notre réunion de préparation pour le Sommet, ici à la BID, le gouvernement argentin a proposé la création du Centre interaméricain d'étude de la justice. Et c'est avec un très grand plaisir que j'annonce que les 34 gouvernements du continent ont accepté que le Sommet de Santiago étudie la création de ce Centre de justice permettant de former des juges, des procureurs et du personnel judiciaire. Nous pensons que ce centre sera un forum important pour échanger des idées et des expériences. Il dirigera des séances de formation, parrainera de la recherche et produira du matériel pédagogique sur une large gamme de questions judiciaires auxquelles le continent est confronté.
Grâce à cette action, les systèmes juridiques renforcés auront un impact réel sur nos sociétés. Ils consolideront notre action de lutte contre les stupéfiants et les trafficants, tiendront nos gouvernements respectifs responsables, et mettront les criminels dans les mains de la justice. En un mot, ils contribueront au renforcement de nos démocraties.
- Un rapport sur le Sommet de Santiago et les propositions de réforme judiciaire apparaîtront dans le mensuel BID Amérique du mois de juin.