" J'aime simplifier les systèmes. "
C'est ainsi que Carlos Leony Fonseca da Cunha explique comment il est arrivé à s'associer à un projet qui est en train de changer le visage de la perception des impôts dans l'Etat de São paulo, le plus riche et le plus peuplé du Brésil.
Da Cunha était expert-conseil en matière d'impôts à Limeria dans l'Etat de São Paulo lorsqu'il eut l'idée de créer un " guichet Internet fiscal ". Là, les citoyens pourraient en finir au plus vite avec les formalités toujours complexes d'une administration paperassière. C'était un effort modeste. Mais il a retenu l'attention de Yoshiaki Nakano, secrétaire d'Etat aux finances.
Y. Nakano, qui était le fer de lance d'un effort tous azimuts visant à moderniser la fiscalité désuète de l'Etat, a pris da Cunha avec lui. Il l'a placé à la tête de 40 ingénieurs d'études. Et il lui a confié la tâche de concevoir un site Internet qui imiterait dans toutes ses fonctions une perception qui reçoit le public en chair et en os. Forte d'un budget d'environ 5 millions de dollars, l'équipe de da Cunha a accouché un an plus tard du Guichet fiscal électronique. On peut dire qu'il s'agit du plus ambitieux des programmes fiscaux sur l'Internet qui sont en chantier au Brésil (voir le reportage sur cette question).
Il y a plus d'un million d'internautes au Brésil, selon des estimations commerciales. Et beaucoup d'entre eux semblent avoir visité le nouveau site de da Cunha. " Nous avons inauguré notre site le 22 septembre 1998, et au cours des six premières semaines, il y a eu 570 000 connexions ", affirme da Cunha.
Dans un premier temps, le site donnait surtout des informations sur les textes de loi, les formalités et les délais butoirs. Il donnait aussi les coordonnées électroniques d'agents du fisc, qui répondent à des questions en ligne. Or, en 1999, il sera plus interactif. En effet, il permettra entre autres à un contribuable de s'inscrire, voire de faire des paiements par voie électronique.
En septembre dernier, da Cunha a eu l'occasion d'exhiber son guichet fiscal au siège de la BID à Washington, lors d'un colloque sur les technologies de l'information et le fisc (voir l'article sur cette question). Les participants ont pu en faire l'essai sur l'un des nombreux ordinateurs installés à l'extérieur de la salle. Ce qui montrait encore une fois la polyvalence de l'Internet.
" Je suis curieux de nature, dit da Cunha. J'aime les ordinateurs, mais je ne suis pas accro et je ne suis pas un as de l'informatique. Pour moi, l'ordinateur est un outil. " Ce qui l'exalte vraiment, c'et que les ordinateurs pourraient un jour aider à rendre moins " étouffant " le travail au sein des grandes bureaucraties. " J'ai toujours pensé que l'informatique pouvait mettre fin au chaos, dit-il. " Gouverner par la voie électronique, dans de bonnes conditions, va faire renaître l'humanité. Une fois sortis de la première crise causée par la mutation du cadre professionnel, nous nous dirigerons vers un modèle de production plus rationnel qui nous permettra de travailler moins et de consacrer plus de temps aux arts, au sport ou à la politique.