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Les subventions en question

L'Etat devrait-il jouer un rôle pour promouvoir de nouvelles entreprises ? Toutes formes de subventions sont-elles scandaleuses à l'époque du libre-marché ? Comment les gouvernements peuvent-ils offrir de tels stimuli économiques sans générer une dépendance irrémédiable ?

Telles étaient certaines des questions avec lesquelles près de 70 dirigeants des Amériques, d'Europe et du Japon se sont débattus pendant une table ronde sur les PME organisée par la BID les 6 et 7 juillet. L'échange de vues et les diverses expériences seront utilisées par la Banque pour perfectionner son appui aux petites entreprises.

Lors d'une présentation, le Président de la BID, Enrique V. Iglesias, a abordé directement la question des subventions, faisant remarquer qu'au cours des dernières décennies, elles avaient été étiquetées de l'équivalent économique de grave pêché. C'est peut-être le cas, a-t-il poursuivi, lorsque les subventions faussent les règles du marché. Mais c'est une situation complètement différente si les subventions sont formellement inscrites au budget et approuvées au moyen d'un processus politique public qui cherche à produire un effet désiré au niveau social.

" Dans ce cas, elles ne devraient pas être en dehors du domaine de ce que nous pouvons appeler des pratiques saines ", a souligné E. Iglesias. " Personellement, je ne suis pas aussi effrayé que celà par l'expression. "

Donc, comment les gouvernements peuvent-ils utiliser les subventions sans courir le risque d'un enfer économique ? Aída Alvarez, à la tête de l'administration américaine des petites entreprises (SBA), a maintenu que son gouvernement trouve son compte dans le fait de donner aux entreprises qui démarrent l'occasion de réussir, parce qu'il considère les nouvelles entreprises non seulement comme un moteur important de l'économie du pays, mais également comme étant essentielles à la mobilité sociale et à une répartition plus juste des revenus.

" Il est difficile d'exagérer l'importance des petites entreprises aux Etats-Unis ", a-t-elle rapporté dans son allocution. " La plus grande partie du succès économique dont nous jouissons est due à la contribution dynamique des petites entreprises. "

Il existe environ 23 millions de petites entreprises aux Etats-Unis, et celles-ci créent deux emplois sur trois, produisent près de 40 % du PIB et sont une source majeure d'innovation technologique.

Au tout début, la SBA s'occupait des prêts directs aux petites entreprises car les banques commerciales hésitaient à accorder des crédits aux entrepreneurs qui n'avaient pas de nantissement ou n'apportaient pas la preuve de leurs bons résultats. En 1958, elle débuta son programme d'investissement pour les petites entreprises en vue d'affecter du capital à risque à des petites sociétés et aux sociétés qui démarrent, et de créer une concurrence dans le secteur privé parmi les banquiers. Parmi celles qui ont bénéficié de ce programme, quand elles étaient de petites entreprises, nous avons à ce jour des géants comme America Online, Intel et Federal Express. La SBA indique que les impôts sur les revenus payés par le fabricant de micro-puces, Intel, uniquement pour l'année 1996, financeront deux années du budget de l'agence.

Gonzalo Rivas, vice-président exécutif de l'agence pour les petites entreprises, CORFO, au Chili, a offert quelques tuyaux pour savoir comment faire pour empêcher les subventions de se tranformer en aide permanente aux entreprises qui ne sont pas viables.

" Rien ne doit être gratuit ", a-t-il souligné, expliquant que CORFO exige des bénéficiaires qu'ils cofinancent leurs programmes et prennent le risque d'évaluer la demande pour leurs produits ou services. L'agence chilienne évalue également les résultats des compagnies pour vérifier si elles atteignent les objectifs commerciaux qui ont été convenus.

Les aides publiques doivent aussi être limitées dans le temps, a averti G. Rivas. " Elles ne sont pas des béquilles. Les entreprises doivent avancer ou disparaître. "

CORFO fonctionne aussi grâce à des agents, en plus grande partie dans le secteur privé, qui traitent directement avec les petites entreprises dans tout le pays. Ce système permet par ailleurs aux intermédiaires d'offrir les services d'autres agences publiques chiliennes, telles que l'agence de promotion à l'exportation, ProChile, et le service national de formation pour l'emploi, SENCE.

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