Une nouvelle étude de la Banque interaméricaine de développement (BID) a indiqué qu’il est peu probable que des catastrophes naturelles majeures affectent la croissance économique à long terme, sauf dans le cas ou elles sont suivies par des bouleversements radicaux de l’organisation institutionnelle de la société.
L’étude, qui analyse l’impact de catastrophes naturelles majeures, a permis de mieux comprendre la relation entre ces événements et la croissance économique à long terme. Les théories économiques actuelles n’offrent pas des réponses claires sur ce thème.
L’étude examine une série de données empiriques sur des catastrophes naturelles et des indicateurs économiques pour plus de 100 pays entre les années 1970 et 2000. Dans l’étude, une catastrophe naturelle est considérée majeure lorsque le bilan de décès est de 7 personnes par mil habitants au minimum. Ceci est à peu près le taux de mortalité de l’ouragan Katrina qui a touché les Etats-Unis en 2005. Plusieurs événements ont dépassé ce taux. Par exemple, le tsunami de l’Océan Indien en 2004 a tué 772 personnes par un million d’habitants en Indonésie, et presque 2 000 par un million d’habitants au Sri Lanka. De plus, en 2010 le tremblement de terre en Haïti a tué plus de 20 000 personnes par un million d’habitants, et celui du Chili environ 17 personnes.
L’étude a produit des échantillons différents pour les pays qui remplissent le critère, avec des données économiques suffisantes et disponibles pour mesurer l’impact économique après les événements. Et pour tous les pays dans chaque groupe, les chercheurs ont comparé la performance économique de ces pays avec le cas d’absence d’une catastrophe naturelle majeure. Pour cela, ils ont créé des groupes de comparaison basés sur de données des pays qui n’ont pas été affectés par des catastrophes naturelles.
L’étude montre que seulement des événements catastrophiques majeurs, avec des taux de mortalité dépassant les 230 personnes par un million d’habitants semblent avoir un impact dans le produit par habitant. Il y a seulement quatre événements dans l’échantillon qui remplissent ce critère avec suffisamment de données disponibles pour être analysés : le Nicaragua 1972 (tremblement de terre), le Honduras 1974 (ouragan), l’Iran 1978 (tremblement de terre) et la République Dominicaine 1979 (ouragan et inondations).
À première vue, les effets semblent importants. Le produit interne brut moyen par habitant des quatre pays dans ce groupe était 10 pour cent plus bas du niveau atteint lors de la catastrophe. Dans le groupe de comparaison, le produit par habitant était 18 pour cent plus élevé du niveau atteint lors de la catastrophe.
Cependant, lorsque les chercheurs ont analysé les cas individuellement, ils ont trouvé que les résultats sont statistiquement significatifs uniquement dans le cas de l’Iran et du Nicaragua, où des révolutions politiques radicales ont eu lieu après les catastrophes.
« Cette étude tente d’établir un effet de causalité entre les catastrophes naturelles et la croissance économique, » a dit Eduardo Cavallo, économiste à la BID et directeur de l’étude. « Ceci démontre que les économies se récupèrent du choc, sauf si les catastrophes naturelles augmentent les probabilités d’une révolution politique radicale qui bouleverse l’organisation institutionnelle. »
Néanmoins, les résultats n’éliminent pas le besoin d’aide internationale après une catastrophe naturelle majeure. Les pays ont besoin du soutien de la communauté internationale pour faire face aux problèmes sociaux et financiers à la suite des ces destructions. Les besoins humanitaires sont énormes et peu des pays possèdent les ressources économiques nécessaires pour faire face aux conséquences immédiates des catastrophes et réparer les infrastructures endommagées, a dit Cavallo.
« Les catastrophes naturelles peuvent représenter une expérience profondément traumatisante pour les pays et l’assistance est un facteur clé pour soulager la souffrance humaine et augmenter la confiance autour de la capacité du pays à se récupérer, » a dit Cavallo.