Aller au contenu principal

Programme d’intensification agricole de la Vallée de l‘Artibonite

Défi

Haïti est l’un des plus gros pays consommateurs de riz (en termes de consommation per capita) de la région Amérique latine et Caraïbes, avec une consommation totale annuelle de 565 000 TM de paddy. De plus, on estime à plus de 100 000 le nombre de familles qui dépendent peu ou prou de la production rizicole pour leur survie et à plus de 10% de la population totale dépendant directement de la filière rizicole pour gagner un revenu (riziculteurs mais aussi ouvriers agricoles, fournisseurs d’intrants et de services, marchandes…). Or, la production nationale est en baisse depuis une quinzaine d’années : après avoir culminé à environ 130 000 TM de paddy par an au début des années 90 avec des pics jusque 160 000 TM, elle ne dépasse aujourd’hui pas les 105 000 TM de paddy, soit ~ 20% maximum de la consommation. Le solde entre production et consommation est couvert par des importations, en provenance principalement des Etats-Unis.

La Vallée de l’Artibonite, avec ses 28 000 ha irrigués, est la plus importante zone rizicole du pays (plus de 50% des superficies) mais la production y souffre de nombreux problèmes, parmi lesquels la disponibilité en eau, en intrants, en services de labourage, le manque de technicité des planteurs, ainsi que la valorisation de la production (pertes post-récolte, qualité, commercialisation…). Les enjeux du Programme d’intensification agricole de la Vallée de l’Artibonite sont d’améliorer tant les revenus des riziculteurs que la production nationale de riz, tout en garantissant la durabilité des investissements après la fin du programme en 2010.

Approche

Ce programme, démarré en 2004 pour une durée initiale de six années, est exécuté par le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR). Il vise à contribuer à l’augmentation des revenus des planteurs dans la Vallée de l’Artibonite, à travers l’amélioration de la filière rizicole et de quelques cultures maraîchères (oignon, aubergine…). Les principales activités du programme se regroupent en trois axes :

  • (i) assistance technique aux planteurs (dans les domaines de la production et de la commercialisation) et aux usagers de l’eau (cadastrage pour le bornage des parcelles et appui à l’organisation des usagers dans une perspective de transfert partiel de la gestion du périmètre irrigué aux associations d’irrigants) ;

  • (ii) renforcement institutionnel de l’Organisation pour le Développement de la Vallée de l’Artibonite et le Service National des Ressources en Eau (assistance technique, infrastructures et matériels : équipements lourds pour l’entretien des canaux, motoculteurs, équipements de production de semence, matériels de mesure des crues…)

  • (iii) réhabilitation et expansion des infrastructures hydro-agricoles (canaux d’irrigation et de drainage), construction de quelques ouvrages et voies d’accès (ponts, pistes) et protection des berges du fleuve Artibonite.

Résultats

Après quatre ans d’exécution, le programme a déjà obtenu des résultats intéressants parmi lesquels il convient de signaler les points suivants :

  • Suite aux efforts consentis au cours de trois campagnes de 2006 à 2007, les rendements moyens de riz en parcelles paysannes de suivi sont passés de 1,5-2 à 4,4 TM/ha (variété Sheila) et de 2,5-3 à 6,7 TM/ha (variété TCS 10). Les solutions techniques sont identifiées, il reste à les systématiser. Mais l’accès au crédit de campagne demeure un goulot d’étranglement majeur dans la Vallée (financement des intrants et services de préparation des sols). En revanche, avec la réhabilitation du centre semencier de Déseaux, la disponibilité en semence de riz de qualité est désormais beaucoup moins problématique.

  • Les berges du fleuve Artibonite, rongées par l’érosion, menacent de s’écrouler à plusieurs endroits, emportant avec elle la route menant au barrage de Canneau et à Petite Rivière de l’Artibonite ainsi que le canal maître rive droite qui irrigue 10 000 ha. Les deux sites les plus critiques ont déjà été réhabilités et plusieurs autres devraient l’être au cours des deux prochaines années.

  • En 2008, l’octroi d’un financement de 25 millions de gourdes (environ $US 625,000) sur les fonds du programme, destiné à réparer quelques excavatrices en panne, acheter du carburant et payer des primes aux opérateurs d’engins, a permis à l’ODVA de procéder au curage d’au moins 76 km de canaux (avec seulement 20% du fonds alloué) et de remettre en eau des centaines d’hectares qui n’avaient pas pu être irrigués depuis des années. Ce résultat a démontré l’importance et l’efficience d’investir régulièrement dans l’entretien des infrastructures existantes. A l’inverse, faute d’entretien (faute de moyens de l’ODVA), des dégradations de berges en aval du barrage de Canneau survenues en 2006 ont vu leur coût de réparation être multiplié par 60 deux ans plus tard et vont devoir être pris en charge par le programme.

  • Grâce à la construction d’un pont sur la rivière « Salée Flood Way », la 5e section de Saint-Marc n’est désormais plus coupée du monde pendant la saison des pluies ; ce pont a même permis d’évacuer la population de la 5e section lors des passages des cyclones en septembre et octobre 2008, permettant de sauver de nombreuses vies.

Contribution de la BID

  • Appui technique de l’équipe de la Représentation de la BID en Haïti.

  • Le montant total du programme équivaut à $US 59,12 millions, desquels la BID fournit $US 54,46 millions ($US 41,94 millions à travers le prêt 1490/SF-HA et $US 12,5 millions à travers le financement non remboursable 1917/GR-HA) et le Trésor Public haïtien $US 4,66 millions.

Prochaines étapes

En matière d’assistance technique en intensification agricole, liens aux marchés et organisation des usagers de l’eau, la phase pilote (sur 5 400 ha) s’est achevée l’année dernière et la phase de systématisation (sur 17 000 ha supplémentaires) vient de démarrer. En ce qui concerne les infrastructures, les chantiers de plusieurs nouveaux ouvrages majeurs sont sur le point de commencer. Avec une fin de programme prévue pour décembre 2010, l’enjeu principal est d’ores et déjà, pour le Gouvernement haïtien, de planifier un budget annuel permettant à l’ODVA d’entretenir régulièrement ces infrastructures coûteuses mais vulnérables à l’envasement et aux inondations, ainsi que de garantir une coordination efficace entre l’ODVA et l’EDH (qui gère le barrage de Péligre en amont) pour minimiser les risques de dégradation par inondation.

Jump back to top