Aménager un marché obligataire sûr et sans danger, c'est un peu comme installer une plomberie neuve dans un logement.
« Une maison sans plomberie ne trouvera pas preneur », affirme Antonio Vives, directeur adjoint du Département du développement durable à la BID. De la même manière, si une bourse des valeurs n'est pas dotée de mécanismes garantissant aux courtiers qu'ils seront payés et aux acheteurs que les titres leur seront livrés de manière diligente et efficace, elle ne trouvera pas d'investisseurs.
Vives était le premier orateur lors d'une conférence qui s'est tenue en octobre dernier au siège de la BID à Washington et qui examinait la mise en place de systèmes de compensation et de règlement sûrs et sans danger pour les marchés financiers en expansion en Amérique latine. Ce thème est particulièrement important pour les économies émergentes qui rivalisent pour obtenir des investissements complémentaires qui peuvent rapidement s'évaporer lors d'une crise financière. La sûreté des marchés de capitaux est indispensable pour attirer les ressources qui alimenteront l'expansion économique, selon des spécialistes des secteurs public et privé qui participaient à la conférence.
William F. Jeanike, P.-D.G de la Depository Trust Company (DTC), qui coparrainait la conférence, a fait remarquer que la profession américaine dans le domaine obligataire cherchait entre autres à réduire le délai de compensation et de règlement de trois jours à un jour à l'horizon 2003. « La certitude est l'ennemie du risque », a affirmé Jeanike. Dennis Earle, directeur général de la Resource Company de la DTC, a fait savoir que les pays d'Amérique latine et d'autres pays en voie de développement devaient fixer des normes différentes et plus sévères que celles préconisées par le Groupe des trente, le groupe international d'experts qui fait des recommandations concernant les règles de compensation et de règlement. « Les règles du Groupe des trente ont en fait été rédigées à l'intention des grandes bourses de valeurs dans les pays industrialisés, précise-t-il. Ainsi, le marché boursier de New York présente une grande liquidité, il peut absorber des chocs qu'un petit marché ne peut pas supporter. »
Dans un pays en voie de développement où les revenus sont modestes, la structure réglementaire de base doit être en place pour assurer la sûreté des marchés de capitaux, prévient-il, et les normes du Groupe des trente ne procurent pas suffisamment de garanties concernant la mise en place d'un dispositif réglementaire de base. Si des investisseurs essuient des pertes en raison d'une irrégularité de fonctionnement sur un petit marché émergent, ils bouderont ce marché, affirme Earle. « Le cadre réglementaire doit être en place pour empêcher de tels incidents de survenir. »
Jesse Wright, spécialiste des marchés financiers à la BID, a dit aux participants qu'en Amérique latine et dans les Caraïbes beaucoup demandaient le resserrement et l'optimisation des dispositifs réglementaires ainsi qu'une plus grande uniformisation et harmonisation des marchés financiers et des mécanismes de compensation et de règlement.
La BID et le Fonds multilatéral d'investissement (qui fait partie du Groupe de la BID) se sont attachés à améliorer et à moderniser les dispositifs de compensation et de règlement de vingt et une bourses des valeurs dans seize pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Les programmes nationaux et régionaux visent à renforcer l'infrastructure des marchés en uniformisant la comptabilisation de la dette publique, en créant des registres obligataires, en mettant en place des systèmes boursiers et des dépôts centraux d'obligations et en renforçant les contrôles.