En 1997, la BID a approuvé 99 opérations de prêt totalisant 6 milliards de dollars, selon les comptes de fin d'année communiqués au Conseil d'administration de la Banque le 18 décembre dernier.
Le nombre élevé de nouveaux prêts et les types de projets qu'ils financeront sont à l'image des mutations qui ont lieu en Amérique latine et indiquent que la BID prend des mesures pour y faire face, a affirmé le président de la Banque Enrique V. Iglesias dans son rapport.
D'abord, les domaines d'intervention traditionnels de la Banque ont été recadrés de fond en comble. Dans toute la région, les gouvernements procèdent à des décentralisations, ils délèguent des pouvoirs aux administrations publiques inférieures, notamment en ce qui concerne les équipements et l'organisation des services sociaux. Il y a aussi le secteur privé qui remplit désormais certaines fonctions qui étaient auparavant l'apanage de l'Etat.
Le rapport cite l'exemple des adductions d'eau et de l'assainissement, auxquels les prêts de la BID font traditionnellement la part belle. L'époque où le financement d'un projet d'alimentation en eau potable se résumait à un dialogue entre la Banque et une agence publique est pratiquement révolue. Aujourd'hui, ces projets sont normalement mis en úuvre par des entreprises privées ou mixtes qui ont recours, pour se financer, à la tarification des abonnés. Résultat, les acteurs sont plus nombreux et les considérations techniques, économiques, politiques et sociales qui entrent en jeu sont beaucoup plus complexes.
Aujourd'hui, avant de pouvoir financer un projet, la Banque doit amorcer des concertations entre les divers acteurs par le biais de conférences et de séminaires qui rassemblent les secteurs public et privé ainsi que la société civile. Souvent, la Banque finance aussi des études, aide à créer des agences chargées de la réglementation et accroît les moyens dont disposent les municipalités et les provinces pour mettre en úuvre leurs programmes d'investissement.
Nouveaux champs d'action. Le saucissonnage des prêts, c'est-à-dire leur fractionnement en plusieurs projets, s'explique aussi par les nouveaux champs d'action de la Banque. Il y a notamment la réforme de la fonction législative et de la justice, les programmes en faveur des enfants et les programmes de reconstruction de la cohésion sociale au lendemain d'une guerre civile. Dans chacun des cas, selon le rapport, des travaux préparatoires considérables doivent être effectués pour élaborer de nouvelles méthodologies et fixer de nouveaux objectifs en y associant non seulement les pouvoirs publics mais aussi la société civile. Dans bien des cas, les pays ont demandé à la Banque de financer des concours techniques et la préparation des projets. Ces activités sont certes modestes mais elles ont une importance capitale dans la définition des stratégies et la mise en úuvre des programmes de réforme.
Selon M. Iglesias, cette évolution devrait s'alourdir dans les années à venir, à mesure que la Banque aide ses pays membres à mener une deuxième vague de réformes dans les domaines comme la modernisation de l'Etat, la réforme de la justice et des réglementations et le renforcement des institutions démocratiques et de la société civile, tout en consolidant la gestion des finances publiques.
Hausse de l'effort social. Une proportion importante des prêts consentis l'année dernière, soit 44 %, servira à financer l'effort social, notamment la santé et l'éducation. Des projets faisant intervenir des petites et très petites entreprises, destinés à accroître les revenus et à créer des emplois, ont bénéficié de nouveaux financements s'élevant à 521 millions de dollars. Neuf prêts totalisant 320 millions de dollars ont été approuvés en faveur de projets dans le secteur privé, dont huit dans le domaine des transports et le secteur énergétique. A cette somme, il faut ajouter 564 millions de dollars de prêts faisant l'objet d'une syndication.
Voici les principaux points de repère de l'année 1997 :
La BID a accordé sa première garantie de prêt à un projet dans le secteur privé.
Elle a accordé des prêts au Pérou et à l'Equateur pour faire face aux sinistres causés par El NiÒo.
Elle a mis en place son premier programme de réforme judiciaire bilingue de grande envergure.
Elle a financé pour la première fois un programme musical.
Elle a accordé ses premières réductions de dette dans le cadre de l'initiative internationale en faveur des pays surendettés.