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Les Gouverneurs de la BID débattent de tactiques pour calmer les tempêtes économiques

" Nous aurons une année difficile " a prédit le Président Enrique V. Iglesias à la clôture des trois jours de sessions tenues au Palais des Congrès. Mais il a ajouté que cela aurait pu être bien pire. Lorsque la crise qui a démarré en Asie a finalement atterri en Amérique latine, les gouvernements ont réagi rapidement en resserrant les politiques budgétaires et monétaires pour opposer un front de défense de la stabilité macro-économique, a dit Iglesias.

" Les pays ont choisi de payer le prix rapidement de façon à surmonter la crise aussi vite que possible ", a-t-il ajouté. Même si des problèmes persistent, ces actions décisives ont fait comprendre clairement aux marchés internationaux que la région est déterminée à ne pas retomber dans la spirale inflationniste qui était autrefois son signe distinctif.

Grâce en grande partie à sa réaction rapide et décisive, la région va renouer avec la croissance en l'an 2000, a prédit Iglesias.

" Cette Amérique latine nouvelle reste fidèle à ses politiques de réforme, ses marchés ouverts et sa modernisation des institutions de façon à être un partenaire à part entière de la communauté internationale ", a dit Iglesias.

Cinq mille deux cent participants ont assisté à la réunion annuelle de la BID, dont les dirigeants des gouvernements et de la communauté des affaires des 46 pays membres de la Banque, des économistes, analystes et journalistes. Outre un nombre toujours croissant de conférences et de séminaires simultanés, les sessions formelles du conseil d'administration font de cette réunion le tout premier événement annuel consacré à l'analyse des problèmes économiques et sociaux liés à l'Amérique latine et aux Caraïbes.

Les séminaires parrainés par la BID comprenaient des sessions portant sur des thèmes aussi variés que l'atténuation de l'incertitude financière internationale, la rupture du cycle de la pauvreté et de l'inégalité, l'interaction entre culture et développement, le développement de la petite enfance, les petites entreprises et l'impact de l'euro. Plusieurs tribunes, conférences et autres événements parallèles étaient également organisés à l'occasion de la réunion annuelle, dont des séminaires sur la décentralisation, les fonds de pension, les petites entreprises et l'intégration, les marchés de l'assurance, l'énergie, la démocratie, et la jeunesse dans le nouveau millénaire.

Simultanément à la réunion annuelle de la Banque a eu lieu la réunion du Conseil des gouverneurs de la Société interaméricaine d'investissement (SII), membre du Groupe de la BID qui appuie le développement des petites et moyennes entreprises en Amérique latine et aux Caraïbes.

Appui de la BID. Un nombre de gouverneurs de la BID se sont joints au Directeur du Fonds monétaire international, Michel Camdessus, pour louer les efforts que déploie la BID pour aider l'Amérique latine à faire face à l'agitation financière. Parmi les initiatives qui ont été prises, on a cité l'établissement à la fin de l'année dernière d'une ligne de crédit d'urgence de 9 milliards de dollars, à laquelle ont eu recours depuis sa création, l'Argentine, le Brésil et la Colombie pour soutenir leurs réformes économiques et renforcer leurs filets de protection sociale.

Iglesias a souligné le fait que ces prêts sont à la disposition de tous les pays membres emprunteurs, et non seulement des pays les plus importants. Il a également réitéré les objectifs sociaux de ce mécanisme : " Ces ressources sont essentiellement destinées aux programmes sociaux ", a-t-il déclaré. " Notre mission consiste à réaliser le développement économique et social. Je crois que c'est également notre tâche dans un cas d'urgence de pouvoir aider à amortir l'impact social d'une crise. "

Election d'un nouveau président. Trois chefs d'Etat ont assisté à la session d'inauguration de la réunion : le Président français, Jacques Chirac, le Président chilien Eduardo Frei et le Président uruguayen Julio María Sanguinetti.

Le Ministre français de l'économie, Dominique Strauss-Khan a été élu à l'unanimité Président du Conseil des gouverneurs, en remplacement du Ministre des Finances colombien Juan Camilo Restrepo. D. Strauss-Khan sera président jusqu'à la prochaine réunion annuelle de la BID qui se tiendra à la Nouvelle Orléans (USA) en mars 2000.

Dans son discours, le Président Chirac a souligné l'urgence de neutraliser la volatilité de l'économie mondiale qui devrait cette année avoir un impact particulièrement négatif sur les économies d'Amérique latine. " La communauté internationale dans son ensemble doit se mobiliser ", a déclaré Chirac. " Nous devons agir ensemble de façon à mettre en place en 1999 les réformes nécessaires du système financier international. "

Le Président français a également appuyé les propositions de faire davantage pour réduire la dette des pays les plus pauvres. " L'annulation de la dette bilatérale devrait dépasser les 80 % pour les pays les plus pauvres ", a-t-il déclaré. " Il faut mettre au point des solutions favorables pour les autres pays croulant sous le fardeau d'une dette intenable. " Chirac a recommandé un " effort exceptionnel " à cet effet de la part de tous les pays créditeurs ainsi que des organisations multilatérales, " même si cela signifie qu'il faut vendre une partie des réserves d'or du FMI. "

Les Présidents Frei et Sanguinetti ont également souligné la nécessité d'une action mondiale pour faire face aux nouvelles pressions de la mondialisation et de la volatilité. Ils ont exhorté l'Amérique latine à rester sur la voie de l'intégration, de la réforme sociale et économique et du renforcement des institutions.

Frei a déclaré que son pays était meurtri sur le plan économique " par des forces totalement indépendantes de sa volonté " et que les organisations internationales capables de réguler ces forces étaient " inexistantes ". Il a mis l'accent sur la nécessité du respect de la loi, de la transparence et de la qualité des actions gouvernementales pour assurer la croissance économique.

Sanguinetti, quant à lui, a dit que les difficultés de l'Amérique latine étaient temporaires et se traduisaient par des efforts de réforme plus poussés et plus rapides qui aboutiraient à une " restabilisation " et à l'abandon des " perspectives mentales dépassées ".

Frei et Sanguinetti ont tous deux exhorté les dirigeants européens à réduire le protectionnisme dans l'agriculture, comme l'a également dit Restrepo dans son allocution à l'assemblée en son titre de Président sortant du Conseil des gouverneurs de la BID.

Parmi les autres orateurs de l'inauguration, on peut citer César Gaviria, secrétaire général de l'Organisation des Etats américains, José Antonio Ocampo, secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, et le secrétaire français à l'industrie, Christian Pierret, qui représentait D. Strauss-Khan.

Gaviria a déclaré que les actions menées pour intensifier la démocratie en Amérique latine permettront à cette dernière de mieux remédier aux problèmes, tâche qui doit être entreprise par tous les secteurs de la société, et " non pas simplement par les économistes ".

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