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Les crises et le secteur privé

Le scénario commence par un manque de liquidités ou une crise de la dette qui frappe sans avertissement un pays ou une région, à la façon de la crise du peso mexicain en 1994-1995. Le secteur privé réagit le premier. Il reconsidère ses investissements et retire ses capitaux. De quoi ébranler l'économie d'un pays, d'une région voire du monde entier. Ensuite, les institutions de financement multilatérales, comme le FMI, la Banque mondiale et la BID, interviennent. Elles prévoient un montage financier pour venir en aide au pays affligé, qui, lui, convient de prendre des mesures d'assainissement et d'engager des réformes.

Une fois la crise dénouée, une question cruciale se pose : Comment, lorsque les choses reviennent à la normale, regagner la confiance des investisseurs ­ qui boudent tout de suite un pays dès qu'ils y voient des risques ou des poids morts ?

Cette méthode qui consiste à « partager le fardeau » fait intervenir les secteurs public et privé qui unissent leurs efforts pour procéder au sauvetage d'un pays dont la situation financière s'effondre. Ce fut le thème d'une récente réunion des ministres latino-américains des Finances, des gouverneurs des banques centrales, de spécialistes d'organisations multilatérales et d'universitaires qui s'est tenue au siège de la BID à Washington.

Partager le fardeau n'est pas simple comme bonjour. Les responsables publics font valoir que si les investisseurs privés sont susceptibles de bénéficier d'un dispositif d'aides de l'État, les deux secteurs, public et privé, devraient l'un et l'autre supporter les coûts de l'assainissement. Les banquiers et les établissements financiers écoutent poliment ces arguments, mais, au final, ce sont les pressions exercées par les actionnaires qui déterminent les mesures qui seront prises pour préserver et améliorer les résultats financiers.

Les participants à la conférence ont mis en garde contre l'aménagement de mécanismes concrets de rapatriement des capitaux, soulignant que les arrangements doivent être facultatifs afin d'éviter un retour de manivelle. Un pays qui souhaite mettre en place un dispositif de prévention et de secours doit jouer la carte de la discrétion. Sinon, il pourrait donner l'impression que l'incertitude est imminente, ce qui déclencherait les flux financiers irrationnels qu'il cherchait justement à empêcher.

Parmi les mécanismes que les responsables ont proposés, il y a les contrats de dette facultatifs qui facilitent le rééchelonnement en cas de crise.

Pour favoriser une plus grande stabilité, on peut aussi flexibiliser l'usage que les pays font des lignes de crédit pour imprévus établies par le Fonds monétaire international. Ou encore mettre en place des normes financières révisées, qui seraient adaptées à l'Amérique latine, notamment les normes de la Banque des règlements internationaux (BRI) concernant l'adéquation des fonds propres. Les participants ont proposé que la BRI complète les notations des agences privées en mesurant les risques du marché pour rendre les qualifications plus exactes et moins instables.

Les participants ont aussi appelé de leurs vœux un complément d'étude sur le rôle que peut jouer le FMI à titre de prêteur international de dernier ressort.

 

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