Un prêt concessionnel de la Banque interaméricaine de développement à Haïti de $27,1 millions financera un projet qui permettra à quelque 10 000 familles rurales d’intensifier et de diversifier leurs pratiques culturales de manière à augmenter leurs revenus, de conserver les sols et les ressources hydriques, ainsi qu’à réduire les risques d’inondations et de coulées de boue dans un bassin versant clé.
Le projet sera réalisé dans le bassin versant Ennery-Quinte, sur les flancs de coteaux au nord des Gonaïves. Cette zone a été le point d’origine de la plupart des inondations dévastatrices qui ont tué des milliers de personnes en septembre 2004 à la suite de l’ouragan Jeanne.
Ce projet, qui sera exécuté par le Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR), financera le transfert de technologies agricoles et de techniques de protection de bassin versant ayant fait leurs preuves à Haïti. Il permettra également de remettre en état les systèmes d’irrigation à petite échelle et de renforcer les associations de producteurs et celles d’utilisateurs d’eau.
« L'expérience tirée des activités en Haïti souligne le potentiel et la nécessité de conserver les sols et les ressources hydriques, parallèlement aux initiatives visant à augmenter les revenus des familles rurales », a expliqué John Horton, chef de projet à la BID. « Chaque composante de ce nouveau projet a été conçue en fonction de ce principe essentiel. »
Bien que les familles rurales constituent la majorité parmi la population haïtienne, et que la plupart se considèrent toujours agriculteurs, moins de la moitié de leurs revenus provient de l’agriculture. Néanmoins, il existe des zones, telles le bassin versant Ennery-Quinte de 450 km2, qui ont le potentiel de stimuler la contribution agricole aux revenus des ménages et à l'économie nationale dans son ensemble, tout en améliorant la gestion des sols et des ressources hydriques.
Le projet Ennery-Quinte viendra compléter un programme d’intensification agricole dans la vallée contiguë de l’Artibonite. Ce programme, connu sous l’acronyme français PIA, est soutenu par un prêt de la BID de $41,9 millions.
Le Bureau de coordination du MARNDR, qui dirige le PIA, gèrera ce nouveau projet. L’unité d’exécution, qui s’est avérée compétente quant à la mise en oeuvre de programmes, a des bureaux à Port-au-Prince et dans la vallée de l’Artibonite, et ouvrira bientôt une bureau dans la zone du projet Ennery-Quinte.
Intensification de l’agriculture durable
Ce nouveau projet combine le transfert du meilleur savoir-faire agricole de base, déjà mis en place en Haïti, avec la création de commerces de fournitures agricoles, apportant des intrants comme des semences et des jeunes pousses ou des services, tel le greffage d’arbres fruitiers.
Le projet concentre ses efforts sur l’établissement de liens entre les producteurs et les marchés existants afin d’avoir une production agricole durable sur les flancs de coteaux et dans les périmètres irrigués. Il vise également à accroître la rentabilité agricole grâce à la réduction de pertes importantes après récolte, cependant évitables.
Un excellent exemple est celui de l’utilisation du « regreffage » pour la conversion des manguiers existants en vue de produire des mangues de qualité pour l’exportation. Cette technique sauve des arbres, qui sinon seraient coupés pour du bois de chauffage, en les transformant en ressources extrêmement rentables qui ravitaillent une industrie à l’exportation établie de longue date. Dans le bassin versant supérieur, le projet permettra de stimuler la production de café parmi les petits producteurs, puisque les racines profondes de ce type de culture protègent contre l’érosion sur les flancs de coteaux.
Protection du bassin versant et irrigation à petite échelle
De concert avec l’intensification de divers arbres et récoltes de stabilisation du sol, ce projet aidera les communautés rurales à mettre en place des barrières physiques afin d’éviter le ruissellement sur les flancs de coteaux dans les zones ciblées du bassin versant. Ces barrières réduiront l’érosion et permettront de conserver davantage d’eau, en abaissant les risques d’inondations et de coulées de boue. Les activités s’orienteront sur des méthodes simples et pratiques capables de générer davantage de revenus, telles des cultures intercalaires dans des allées séparées par des haies, des cultures suivant les courbes de niveau et des techniques de gestion du bétail en espace clos.
Les opérations visant à améliorer la gestion du bassin versant s’étendront des zones à flanc de coteaux au-dessus de 1 000 mètres jusqu’aux zones irriguées le long du cours inférieur du bassin versant. Par ailleurs, ce projet financera le renforcement institutionnel pour le cubage hydrologique, la protection du bassin versant et pour l’éventuel transfert de propriété de périmètres irrigués aux associations d’utilisateurs d’eau.
Bien que les associations de producteurs et d’utilisateurs d’eau continuent d’opérer dans la zone Ennery-Quinte du mieux qu’elles peuvent, leur infrastructure est tombée en délabrement et, dans certains cas, a été détruite par l’ouragan Jeanne en septembre 2004. Utilisant une approche participative, le projet progressera à mesure que les producteurs assumeront des responsabilités croissantes pour l’exploitation et la maintenance des systèmes d’irrigation.
Le soutien de la BID à Haïti
La Banque interaméricaine de développement a le plus grand portefeuille de prêts en exécution en Haïti. En réponse aux besoins en évolution d’Haïti et afin d’accélérer l’exécution du programme et les décaissements, la BID a simplifié ses procédures, accru sa flexibilité et renforcé son bureau à Port-au-Prince.
Le portefeuille comporte environ $462 millions pour l’infrastructure de base, les routes, l’agriculture, l’eau et l’assainissement, l’éducation primaire, la formation professionnelle, le développement communautaire et les petits projets productifs dans tout le pays. Plusieurs de ces opérations, qui favorisent les activités à forte intensité de main-d’œuvre, visent à accroître l'emploi au cours de leur exécution.
La BID appuie également les réformes de finances publiques afin d’accroître les recettes publiques et d’améliorer l’efficacité et la transparence dans le secteur public.
D’autres prêts totalisant $118 millions sont à des niveaux avancés de préparation et concernent des programmes dans les secteurs tels que les transports, le développement rural, la gestion de l’environnement, l’épanouissement des enfants précoces, la distribution de l’eau, et l’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises.
La BID coordonne étroitement ses activités avec les agences des pays donateurs et les institutions multilatérales appuyant le Cadre de coopération intérimaire, stratégie d’Haïti visant à examiner ses problèmes urgents politiques, économiques et sociaux pendant la période de transition qui mènera à l’élection d’un nouveau gouvernement.